Morihei Ueshiba, celui qui allait devenir le fondateur de l'Aïkido, naît le 14 décembre 1883 de Yokoru et Yoki Ueshiba (an 16 de l'ère Meiji, 16 novembre de l'ancien calendrier lunaire japonais), dans la ville portuaire de Tanabé, située dans l'actuelle préfecture de Wakayama (Île de Honshu). Son père est un propriétaire terrien fortuné, membre actif du conseil municipal, sa mère est calligraphe. Après avoir d'abord eu trois filles, Yoroku est rempli de joie à la naissance de son fils unique Morihei. De faible constitution, Morihei Ueshiba est souvent malade (une forte scarlatine l'ayant laissé extrêmement diminué) et très nerveux. Son père se donne alors beaucoup de mal pour l'aider à améliorer sa santé et l'encourage à fortifier son corps en le poussant à poursuivre des activités physiques, telles que le Sumo et la natation. A 10 ans, il l'initie aux méthodes de combat des samourais et au maniement du sabre et de la lance, lui-même étant maître d'armes de la famille Kii, les seigneurs de sa province.
Mais dès son plus jeune âge, Morihei Ueshiba, très intelligent, est également fortement attiré par la religion et porte un intérêt marqué à la prière et la méditation. La ville de Tanabé, ville féodale située au sud d'Osaka, se trouve d'ailleurs au pied des montagnes de Kumano, lieu saint japonais où les dieux shintos descendirent sur terre. Nul doute que, dès sa plus tendre enfance, Morihei Ueshiba est bercé par le mysticisme traditionnel et la philosophie ancestrale du Japon. A sept ans, il étudie les grands textes classiques du Confucianisme et les écrits bouddhistes à l'école du temple Bouddhiste Shingon implanté à Jizodera, sous la direction du prêtre Mitsujo Fujimoto puis pratique dès 1893 le Bouddhisme zen au temple Homanji. Sous la direction d'un prêtre zen, il étudie le chinois et la religion Bouddhiste. Admis au collège de Tanabe en 1897, il le quitte un an plus tard pour une école de Soroban (boulier japonais appelé Abaque), dont il devient professeur assistant au bout de quelques mois. Il débute aussi à cette période son apprentissage du Budo, comprenant la nécessité du combat après une agression subie par son père de la part d'opposants politiques. Par la suite, il travaille à la perception de Tanabé et s'intéresse aux problèmes des pêcheurs et des paysans. Révolté par leurs conditions de vie, il participe à différents mouvements de protestation puis finit par démissionner après les rudes répressions des manifestations.
A l'âge de 17 ans, Morihei Ueshiba quitte le domicile familial pour Tokyo où il travaille comme négociant avant d'ouvrir en 1902 une papeterie-librairie étudiante, grâce à l'aide de riches parents. C'est lors de ce bref passage à Tokyo que Morihei Ueshiba reçoit officiellement son premier enseignement en arts martiaux. Il passe ses soirées à étudier les anciennes techniques de Ju-Jutsu, en particulier celle de l'Ecole Kito Tenshin Shinyoryu, sous la direction de Maître Tokusaburo Tozawa (de son vrai nom Tabari Takisaburo). Parallèlement, il pratique le Ken-Jutsu (sabre) dans un dojo de Shinkage Ryu (Ecole Shinkage). Moins d'un an après son arrivée à Tokyo, Morihei Ueshiba contracte le béribéri. Il retourne alors dans sa ville natale de Tanabé où il finit par se rétablir complètement. Quelques temps plus tard, il épouse Itogawa Hatsu, une amie d'enfance. Sa maladie l'ayant décidé à se forger un corps neuf et solide, il s'astreint à un entraînement dur et progressif basé sur la condition physique et la force pure. Bien que de petite taille (1m54), il est beaucoup plus fort que la moyenne. Mais, la seule force physique ne le satisfaisant pas, il se rend à Sakai, afin d'y étudier le sabre de l'Ecole Yagyu sous la conduite de Maître Masakatsu Nakai.